Tisser la route de ceux qui depuis l’Afrique il y a des siècles, depuis la Caraïbe il y a des décennies, ont migré de gré ou de force vers l’Occident. Se souvenir du jazz comme d’un mode d’action politique et social, actionner sa version free, ce mouvement d’émancipation et de libération des carcans et des chaînes. Les corps à corps entre les instruments et avec Anthony lui-même donnent alors lieu à des envolées dans le chaos desquelles la piste à prendre se défriche pour progressivement s'illuminer à en devenir évidente.
Aux beats, aux cymbales légères s’agrègent patiemment cuivres, claviers et percussions ; des mélopées sombres, des soli cabrés, des mélodies conquérantes, des nappes vintage et des treillis serrés. Les improvisations collectives mènent à la cohérence qui unit la forme au fond. De la communion de l’instant, de cette capacité des musiciens à tous se relier au même moment, dépend le résultat. La musique d’Anthony Joseph devient alors un jazz progressif, conscient et politique, qui en studio comme sur scène, ne s’apprivoise pas.
Qui se capte dans toute son incandescence. Et se restitue aussi embrasée.