Au non du père est un partage. Le partage d’une histoire d’abord, dont on ne sait plus très bien ce qui relève de la réalité et de la fiction. Comme à son habitude, Ahmed Madani aime brouiller les pistes, et laisser le spectateur libre de prendre part au récit. Partage culinaire ensuite, puisque toutes les douceurs que cuisine Anissa seront dégustées par le public. La comédienne déploie un jeu très libre, joyeux et vivifiant à l’image du théâtre généreux qu’offre le metteur en scène, présent aussi sur le plateau. Comme avec Incandescences, Ahmed Madani utilise la vidéo pour densifier la narration de ce voyage à la rencontre d’un père inconnu et de ce séjour qui confine aussi à l’introspection. Le matériau brut de la réalité est ici utilisé pour un théâtre documentaire qui abat le quatrième mur, et inclut le public. Mis en confiance, nous nous laissons aller à partager notre point de vue mais aussi un peu de nous-mêmes. Une ode à l’espérance, à la résilience et à la gourmandise.