Misericordia met en scène Anna, Nuzza et Bettina, trois prostituées unies par l’amour qu’elles portent à Arturo, enfant mutique dont la mère est morte sous les coups d’un client. Ce fils handicapé qu’elles élèvent, est le bonheur de la maison, aimé par ces trois mères à la querelle facile. Italia Carroccio, Manuela Lo Sicco et Leonarda Saffi incarnent magnifiquement ces femmes combattantes et rudes, qui n’ont rien, mais donnent tout. Interprété par le danseur Simone Zambelli, à la fois christique et pantin désarticulé, Arturo s’exprime uniquement par le corps. Le théâtre d’Emma Dante est quasi mutique, mais dansé, mimé, bruité, rythmé. S’y mêlent des moments de rages et des instants de grâce, une poésie brute et une vitalité irrésistible, une drôlerie émouvante et une terrible humanité. Un théâtre pur, sans décors, sans effet, qui ne tient que par l’intensité du jeu et la force du propos.