Alors jeunes comédiens, les deux metteurs en scène étaient de l’aventure en 1995 et leur relecture du travail de Matthias Langhoff est d’une grande fidélité. Dans un décor grandiose et mouvant, une scénographie monumentale et spectaculaire, dans une ambiance de violence mortifère, la tragédie de Shakespeare affranchie de toute esthétique élisabéthaine trouve de nombreux échos avec notre siècle. Le sanguinaire Richard III, magistralement interprété par Marcial Di Fonzo Bo, est entouré d’une multitude de personnages, et on tue, on égorge, on trompe et on trahit, rien n’arrête cette soif de pouvoir qui agite les Lancastre et les York. Il est là ce matériau Shakespeare, brut de décoffrage, incandescent, sur la scène, ici et maintenant, dans le moment de la représentation. Du beau, du vrai, du grand théâtre.